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De gauche à droite : Kaity Nguyên, Kiêu Minh Tuân, Will et Châu Bùi, acteurs de |
La campagne de publicité du film Em chưa 18 a débuté dès fin février, et les journalistes ont pu assister à une avant-première mi-avril. Les premières réactions des professionnels ont été plutôt mitigées, ce qui a rendu le succès du film d’autant plus mystérieux.
En trois séances en avant-première, le film avait déjà recueilli 13,2 milliards de dôngs. À l’affiche depuis le 28 avril, Em chưa 18 a engrangé en seulement deux semaines plus de 107 milliards de dôngs (plus de 4,3 millions d’euros), battant le record de plus de 105 milliards de dôngs (en trois mois) de l'oeuvre Em là bà nội của anh (Je suis ta grand-mère, mon chéri) en 2015.
Une histoire banale…
Em chưa 18 parle de l’amour entre le playboy professeur de yoga Hoàng (interprété par Kiêu Minh Tuân) et une lycéenne «night-clubbeuse» Linh Dan (Kaity Nguyên). On peut y voir des scènes typiquement sud-coréennes (le playboy change grâce à l’amour pour devenir un homme respectable), ou américaines (le bal de promo, le concours des King et Queen du bal).
La vie sans fard des ados d’un lycée international de Hô Chi Minh-Ville est le sujet central du film. |
Photo : CTV/CVN |
Em chưa 18 a choqué les âmes prudes avec ces adolescents libertaires et dévergondés qui préfèrent les boîtes de nuit aux bancs de la fac. Ou cette adolescente faisant l’amour avec un homme de 35 ans, ce qui tomberait sous le coup d’une condamnation pénale dans la vraie vie.
… qui explose le box-office
Pourtant, malgré un scénario plutôt léger, aucun film vietnamien n’avait connu un tel succès qu’Em chưa 18 : 4 millions d’euros de recettes après deux semaines en salle.
La curiosité est la première clé de ce succès. Aucun film vietnamien n’avait en effet osé parler de la vie des adolescents du XXIe siècle, bien loin des clichés des étudiants studieux concentrés sur leurs études, des jeunes filles «fleur bleue»... Les scènes, qualifiées par certains «d’extrêmes», exposent de manière crue la réalité de la vie des ados vietnamiens des grandes villes. Cela peut choquer les parents mais les jeunes spectateurs, eux, s’y retrouvent.
La présence d’idoles des jeunes dans le casting est aussi une autre raison de l’engouement envers le film du réalisateur Lê Thanh Son. On peut citer les acteurs Huy Khanh, Kathy Uyên, Quang Minh, le chanteur Will, la fashionista Châu Bùi, et le mannequin Kiêu Trinh, qui n’occupent pourtant que des rôles secondaires. Les deux rôles principaux sont tenus par deux acteurs peu connus : la jolie Kaity Nguyên, qui n’avait presque aucune expérience devant la caméra, et l’acteur Kiêu Minh Tuân, qui n’avait jusque-là peu fait parler de lui.
Enfin, la musique du film, interprétée par Only C, Will et Erik, est aussi une des raisons de la réussite du producteur Charlie Nguyên. Elle figure même au top des hit-parades vietnamiens depuis quelques semaines.
Avec Em chưa 18, Charlie Nguyên frappe un grand coup. |
Photo : CTV/CVN |
«+Em chưa 18+ n’est pas un film sur les adolescents comme j’ai entendu ici et là. Ce n’est pas non plus un film érotique. Je ne suis pas content de tous ces commentaires, a partagé Charlie Nguyên. Pour parler de la jeunesse actuelle, je ne voulais pas suivre les vieux clichés démodés tels que jeunes filles en áo dài (tunique fendue traditionnelle des Vietnamiennes, Ndlr) blanc sous les flamboyants. Nos jeunes sont actifs et modernes. Notre pays est de plein pied dans la mondialisation. La vie des lycéens, elle aussi, suit cette tendance, que cela plaise ou non».
Em chưa 18 est à l’affiche dans toutes les salles obscures du pays jusqu’à fin juin.